D’interdiction en timides autorisations, du silence aux lumières de la scène, le Heiva i Tahiti du XXIème siècle est l’aboutissement de plus d’un siècle de passions et d’entêtement.
En 1819 en effet, le roi Pomare II fraîchement converti au christianisme prend la décision d’interdire toutes les danses et autres « Heiva » (divertissements), soupçonnés d’être des activités à la morale douteuses. Les pasteurs protestants de l’époque tiennent également à faire disparaitre toute trace d’expression païenne, et d’autres lois sont édictées par la suite avec la même intention.
Le gouvernement français va pour sa part tolérer ces démonstrations tout en les réglementant rigoureusement. En effet, en 1847 la loi n’autorise plus la danse que dans certains lieux, et le mardi et le jeudi uniquement.
Les danses traditionnelles ne reverront véritablement le jour qu’avec les premières célébrations du 14 juillet en Polynésie en 1881 : le « Tiurai » (de l’anglais « july » qui veut dire juillet) permet alors d’associer les Polynésiens aux réjouissances. Il s’agit à l’époque principalement de défilés militaires, retraites aux flambeaux et autres démonstrations officielles, dans lesquelles le himene – le chant traditionnel – a une place privilégiée qui encourage une expression vivace et intense. Ainsi en 1881, le premier concours de chant ne réunit pas moins de 30 groupes participants.